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diterranée. Mais le dieu qui préside aux splendeurs de la nature a défendu la Spezzia contre l’invasion des ingénieurs et la truelle des maçons. On n’y voit point encore de forts ornés de leurs canonnières, ni de jetée bien droite, fendant les flots de ses murs de granit, et portant à la pointe un phare polyèdre comme le flambeau de la civilisation ; c’est toujours le port de Luni, tel que Strabon le dépeignit. Seulement, les villas de marbre, qui s’accrochent aux rochers et font descendre leurs jardins jusqu’à la mer, sont habitées par des sujets de Victor-Emmanuel, au lieu de l’être par des patriciens romains ; les luxueux hôtels, qui s’élèvent au bord de la place, donnent asile aux touristes anglais, qui viennent prendre des bains de mer dans des flots chargés de phosphore ; un tir au pistolet est établi au bord de la route de Sestri di Levante, et, çà et là, sur cette route, ou dans la belle promenade qui domine la mer du haut de ses terrasses, apparaissent des chapeaux marrons, des voiles verts et des robes à volants.


II


Un soir de l’an dernier, à cette heure du crépuscule si rapide et si belle en Italie, tandis que le soleil,