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a payé un jeune homme pour reconnaître l’enfant naturel de sa fille. » Les mieux intentionnés diront : « Cette affaire-là n’a jamais été claire ! » et conclueront : « qu’il n’y a pas de fumée sans feu. »

Sur ces entrefaites, arriva la réunion du conseil de révision ; ce qui, naturellement, donna lieu à un grand dîner chez le sous-préfet, qui s’était récemment marié, puis à un bal.

Mlle Gallet reçut une invitation pour le bal. Son père ne voulait pas qu’elle y parût. Mais, soit qu’une retraite de plusieurs mois eût mis sa patience à bout, soit que l’impérieux besoin de sa nature fût de braver l’opinion, elle voulut y aller, s’écriant que c’était mériter les soupçons, même, que de les admettre.

Elle entra donc au bal, vers dix heures, au moment où il était dans toute son animation. Elle portait une robe de tulle lamé, relevée par des bouquets de géraniums ; dans ses cheveux noirs brillait un diadème d’or. À son apparition, tous les yeux se levèrent. Elle, sans baisser les siens, promena sur l’assemblée un regard clair et direct, comme pour y choisir sa place, et vint fièrement s’asseoir à côté des dames de Fayan.

— Que d’audace ! pensèrent toutes les femmes.