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— Mais… je ne sais pas… par exemple, si tu mariais Clotilde ?…

— Clotilde, reprit le marquis, ne sera pas mariée avant de savoir l’anglais à traduire couramment Walter Scott ; l’italien à lire Dante : la musique… Enfin, elle connaît mon programme !

— Ah ! papa, vous y ajoutez tous les jours quelque chose, s’écria la jeune fille avec un mutin sourire. Ce sera bientôt comme ces programmes impossibles que les fées donnaient aux princesses captives ; il faudra un enchanteur pour en triompher.

Clotilde n’avait pas plus de dix-sept ans, et l’on voyait, à la rieuse candeur de son frais visage, que sa réplique était dictée par la malice enfantine, plus que par une impatience de cœur.

Le docteur Lambert regarda la jeune fille d’un doux et complaisant regard, puis le groupe que formaient en ce moment la marquise et ses deux enfants, et s’écria :

— Quelle charmante famille vous avez, monsieur le marquis ! C’est plaisir de la voir ; un plaisir d’artiste !

— Oui, reprit le curé, on rencontre rarement tant de grâces et tant de vertus réunies.

La lampe avait été retirée ; nul ne put voir le sourire