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plein de dossiers gauchis et poudreux qui débordaient sans symétrie, avec des agréments de ficelle rouge ; sur l’autre, une grande carte de France, et sur le troisième, en face de la cheminée, un buste de l’Empereur qui se reflétait dans la glace.

Le bureau occupait le centre de la pièce. Il était en acajou, recouvert d’une basane noire, qu’on voyait peu, tant elle était cachée par les paperasses ; au milieu, un gros livre, à tranches tricolores, attirait surtout les regards.

Une petite table de bois noir joignait latéralement le bureau du juge d’instruction. C’était la table à écrire du greffier. Un cordon de sonnette pendait ; à portée de la main du juge, au centre de son bureau ; c’était la cloche d’appel pour requérir la force publique.

— Voilà, se dit l’abbé Dablin, l’appareil tortionnaire de la justice au dix-neuvième siècle !

Sur la cheminée, une pendule carrée de marbre noir et deux flambeaux dorés faisaient décor. Trois siéges, outre le fauteuil de cuir du juge d’instruction et celui du greffier, complétaient le mobilier.

À certains moments d’angoisse latente, l’esprit se dédouble, pour ainsi dire ; tandis que ses forces vives se plongent dans une contemplation absconse, s’ab-