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cause de sa situation d’accusée, elle attendit d’être saluée la première.

La marquise avait pâli et baissé les yeux, par un involontaire saisissement, devant cette jeune fille que la fatalité faisait sa victime. Elle, non plus, ne salua pas ; elle était paralysée.

Ce fut Clotilde qui rompit cette glace avec un admirable courage.

— Bonjour, ma chère Ernestine, lui dit-elle, comment allez-vous ?

De deux choses l’une, s’était dit mademoiselle de Fayan : — ou Ernestine est innocente, comme le croit ma mère, et je dois lui tendre la main, — ou elle est coupable, et alors, cet abîme de malheur mérite assez ma pitié pour que je n’ajoute pas une injure à toutes celles que la société lui garde !

La présence d’esprit de Clotilde ramena la marquise à elle-même.

— Et monsieur votre père, et toutes les personnes qui vous intéressent ? ajouta-t-elle.

— Merci, mesdames, répondit Ernestine en tendant les deux mains. — Nous allons tous bien ! — Au physique s’entend ! — Car il paraît que, moralement, je suis assassinée… Enfin, je viens voir le péché qu’on me prête, en véritable effrontée. — Est-il joli, au moins ?