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pas songer à rester jusqu’à la fin du repas ! Il était onze heures et demie.

D’autre part, le curé ne pouvait guère emprunter un cheval sans indiquer le but de son voyage, surtout en cette circonstance, où ce but avait une importance particulière, dans l’affaire qui tenait en émoi tout le pays.

Un instant il se demanda si la présence de Clotilde ne serait pas un suffisant prétexte à son abstention ; car il éprouvait un grand embarras pour parler de ces choses devant le marquis, et puis, il craignait l’émotion de Mme de Fayan en apprenant ainsi, soudain, la menaçante péripétie qui faisait avancer son déshonneur, à pas de géant.

Mais, depuis l’arrestation du médecin, les soupçons qui planaient sur Mlle Gallet n’étaient un mystère pour personne. Déjà Clotilde avait appris de sa mère à les mépriser, et à payer en même temps un juste tribut d’admiration à la conduite « héroïque » du jeune médecin, « qui, disait la marquise, souffrait chevaleresquement pour défendre le secret d’une femme inconnue. »

D’ailleurs, encore une fois, l’abbé Dablin ne pouvait point attendre la fin du déjeuner pour parler à la marquise ; le temps pressait, et il pouvait encore