Déjà, depuis quelques mois, la marquise menait une vie infernale. Au remords de la faute s’étaient joints le remords plus cuisant de se sentir la cause du malheur d’autrui, la terreur d’être découverte et l’ardent besoin de venger la jeune fille compromise.
Pour descendre dans cette âme orageuse et tourmentée, il faut se représenter la puissance que les passions acquièrent dans les milieux restreints où tout, en les heurtant, exaspère leur sensibilité. Il ne faut pas non plus oublier que celles de Mme de Fayan, longtemps inactives, avaient conservé la fougue et l’énergie de la jeunesse, et pris la profondeur de l’âge mûr. Enfin et surtout, il faut savoir que la marquise était sincèrement croyante, et avait la conscience timorée.
On comprendra dès lors l’effroyable lutte qui la déchirait. Elle ne voulait pas haïr parce que la haine est anti-chrétienne, et elle ne pouvait contenir les sentiments de violente répulsion que soulevaient en elle Fernand de Messey, M. Gallet, dont elle reconnaissait pourtant la juste colère, et tous les gens, intéressés ou non à la famille Gallet, qui prenaient parti dans cette affaire.
Par moments, elle aurait voulu crier sa faute au monde entier plutôt que de subir l’injure de ce res-