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TOUTES LES FEMMES

tradition indigène, la masse actuelle de la population du « royaume fleuri » descendrait d’une pauvre horde de primitifs, errant jadis au pied des hauts plateaux thibétains, inférieurs aux plus inférieurs des sauvages, ignorant l’usage du feu, vivant surtout de racines et d’insectes. Ces ancêtres peu relevés étaient groupés en clans, que leurs descendants appellent « les cent familles aux cheveux noirs ». Ceux qui peuvent s’enorgueillir d’appartenir à cette lignée se considèrent toujours comme parents. De nos jours encore, un homme et une femme portant le même nom ne peuvent se marier ensemble. De ces clans primitifs, naquit une civilisation ayant son caractère propre, purement mongolique, dont l’évolution progressive, commencée il y a bien des siècles, s’est brusquement arrêtée. Il y a 4 500 ans, alors que l’Europe occidentale n’était encore habitée que par des barbares incultes, sous le règne de Hoang-ti, les lettrés chinois écrivaient déjà l’histoire des « enfants de Han ». Depuis lors, ce peuple d’agriculteurs est resté soumis à une discipline immuable qui a modelé la nation, lui imposant, par le règne de l’habitude, des coutumes, des mœurs, des règles de vie et de pensée qui semblent devoir à tout jamais comprimer les forces de transformation qui sont en elle.

Telle fut la valeur conservatrice de cette discipline qu’elle uniformisa