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TOUTES LES FEMMES

on la livre à ses compagnes, qui la baignent dans l’étang de la pagode, la parent de vêtements neufs et l’ornent de bijoux. Ainsi arrangée, elle passe chez le grand-prêtre, qui lui fait subir quelques formalités d’initiation et la marque ensuite, avec un fer rouge, du sceau du temple auquel elle appartient désormais. Alors elle est dévadassi. Elle apprend à lire, à écrire, à chanter, à danser surtout. On a rédigé pour les néophytes une espèce de cours de minauderies, un recueil des secrets de la toilette. La bayadère apprend tout cela pour séduire, pour plaire, car tel est son métier ; il faut qu’elle plaise aux prêtres d’abord, ses possesseurs de droit, puis au public, à qui elle vendra ses faveurs au profit des prêtres.

Leur danse se compose de figures où elles se balancent face à face : une musique monotone d’instruments à vent, qu’accompagnent des tambours et des cymbales, règle la mesure de leurs pas. Dans les pagodes, elles chantent, sur un mode lent et triste, les louanges et les incarnations de Wichnou. Parmi elles, il en est d’exclusivement vouées au service des temples ; d’autres sont absolument libres. Celles-ci, seules dans l’Inde, ont une notion de la liberté. Un riche Hindou ne donnera pas une fête sans que, chanteuses ou danseuses, elles ne soient là pour distraire les convives. À cette vie, elles vieillissent rapidement. Lorsqu’elles atteignent dix-huit ou vingt ans, leurs