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TOUTES LES FEMMES

de ses formes, de ses contours d’un modelé superbe, du balancement de sa démarche ondulante et prenante, de ses épaules pleines, supportant un cou harmonieux et bien posé, de ses traits d’un dessin achevé, de ses mains effilées, délicates et souples. L’habitude de marcher pieds nus lui a malheureusement gâté le pied, petit mais mal fait. Mais ses lèvres sont du plus beau rouge, ses dents mignonnes sont de nacre, ses yeux — ses yeux surtout — sont irrésistibles.

Leur costume, auquel elles ont malheureusement renoncé, en grande partie, pour adopter la toilette européenne qui leur est préjudiciable, servait admirablement à mettre en relief leur beauté. C’était d’abord un corsage à demi transparent, permettant d’entrevoir beaucoup et de deviner tout, avec, au coude, des manches échancrées et boutonnées d’or massif. La jupe, moulée aux hanches, se nouait autour des reins délicieusement cambrés. Enfin, avec un art exceptionnel, un haut madras les coiffait. Disposer soigneusement ce madras, c’est pour une métisse « faire sa tête ». Des bijoux nombreux et volumineux, des boucles d’oreille d’or massif, des colliers de grenat ou de corail, des broches, des épingles forment le complément indispensable de leur parure.

Au moral, créoles et métisses possèdent la même vivacité d’esprit, la même imagination fantaisiste. Pour la