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CRÉOLES ET MÉTISSES

à notre langue, transformée par elle en un assemblage naïf de mots sans flexions, prononcés d’un accent zézayant et câlin, la Martiniquaise, par ses facultés très aiguës d’observation, par sa fine ironie, est avant tout une Française ; elle ne tient plus que de très loin à ses ancêtres des rives du golfe de Guinée. Quant aux facultés intellectuelles, n’oublions pas qu’Alexandre Dumas père était un tierceron et que Pouchkine, le grand poète russe, avait comme grand-père un pur nègre, du plus beau noir.

À la Martinique, comme à la Guadeloupe, les métisses surpassent les blanches au point de vue de la beauté physique. Les unes, comme les autres, sont bien faites et de belle taille ; elles ont cette souplesse voluptueuse du corps qui appartient à toutes les femmes des tropiques, mais la créole blanche ne possède ni cette régularité de traits, ni cette correction de lignes qui sont les caractéristiques de la beauté. Il est vrai qu’elle a pour elle ses cheveux superbes, lisses et abondants, fins et soyeux, ses mains et ses pieds d’enfant, son œil ardent et velouté, la caresse de son regard, la musique de sa voix enfantine.

Et la grâce, plus belle encore que la beauté !

Par contre, la mulâtresse peut s’enorgueillir de la vigueur plantureuse