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CRÉOLES ET MÉTISSES

les Mineiros (de Minas-Geraes), les Paulistas, les Paranaenses et les Rio-Grandenses, sont en général plus robustes, plus grands que ceux de la zone côtière et vallées des fleuves. Les Paulistas, fortement métissés, passent pour être les plus beaux, les plus intelligents et les plus énergiques des Brésiliens. Un proverbe dit qu’il faut admirer : « à Bahia, eux et pas elles ; à Pernambouc, elles et pas eux ; à São-Paulo, elles et eux. » Et, par leur grâce, comme par leurs nobles manières, les femmes de cette dernière ville, quelle que soit la proportion de sang nègre qui coule dans leurs veines, justifient, pour leur part, le dicton.

Jadis, à Rio-de-Janeiro, comme dans la plupart des cités brésiliennes, les belles créoles, brunes et vives, espiègles et coquettes, traitées en enfants gâtées, poupées parées et adulées, n’étaient guère que les premières des esclaves de la maison. Nonchalantes, elles passaient leurs journées étendues sur un canapé, jouant avec une fleur ou un oiseau, ne se préoccupant en rien de leur intérieur, ne touchant ni une aiguille ni un livre, passionnées seulement pour la musique, la parure et l’intrigue. Elles restaient ainsi murées dans leur maison comme en un cloître. Une femme qui serait sortie à pied, seule dans la rue, aurait été perdue de réputation. Parfois une métisse, une femme de mediopelo, s’y risquait, et encore rarement. S’il faut en croire les