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CRÉOLES ET MÉTISSES

Deux types personnifient leur nature à la fois pieuse et légère, fervente et passionnée : une sainte et une courtisane, sainte Rose et la Périchole.

Leur mise est élégante et recherchée. Les dames du monde seules sacrifient à la mode de Paris et seulement l’après-midi ; la plupart ont conservé l’ancien costume, plein de mystère et de charme. Cette jeune femme qui, le matin, va à l’église ou court les magasins, qui, le soir, trottine d’un pas furtif, peut-être vers un rendez-vous, a recouvert sa toilette d’une saya en soie plissée, saisissant les formes et les accusant presque aussi nettement que la draperie mouillée d’un sculpteur. Par dessus la saya, s’attache el manto, la mante, nouée à la taille par un cordon et revenant par derrière sur la tête et le visage, qu’elle enveloppe en se croisant de manière à ne laisser voir qu’un œil. Quelle que soit la couleur de la saya, el manto est toujours en soie noire. Les femmes ne sauraient être reconnues dans ce costume sous lequel elles déploient une grâce charmante.

L’été venu, il est de mode, sous la saya et la mantille, de ne porter qu’une chemise brodée et un fichu. Une belle, ainsi accoutrée, prend le nom de tapada. À plusieurs reprises, sous la domination espagnole, l’Église, gardienne des bonnes mœurs, fit réprimer et interdire par les lois l’usage d’aller tapada ; mais les femmes n’ont consenti à renoncer à ce costume, si commode