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CRÉOLES ET MÉTISSES

mandes, en guise de bonbons, de petites pastilles d’argile parfumée.

Vives et passionnées, belles, blanches et bien faites, les Colombiennes et les Vénézuéliennes n’ont, en général, ni les mœurs austères, ni l’esprit tourné aux choses sérieuses. Leur vie se partage entre des plaisirs plus ou moins innocents et des pratiques de minutieuse dévotion.

À Bogota, pour aller en visite ou se rendre à l’église, les dames revêtent la saya, la mantille et le chapeau. La saya est un jupon de satin noir un peu court, terminé souvent par des franges d’un pied et demi de long. La mantille est une pièce de drap fin, bleu ciel ou bleu lapis, taillée en demi-cercle, et qui se dispose de manière à tomber de la tête sur les épaules, comme un long béguin de nonne. Ces dames portent, en outre, des chapeaux de feutre et des souliers de satin ou de peau. La chaussure était jadis ce qui distinguait les femmes des hautes classes. Les filles du peuple allaient nu-pieds. Quand leur beauté ou un caprice de la fortune les élevait à la classe ayant le droit de porter chaussure, elles étaient obligées d’user de certains ménagements et de se faire beatas, c’est-à-dire de prendre un costume noir ou marron, en tout semblable à celui des religieuses, avec lequel il leur était permis de se chausser.