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TOUTES LES FEMMES

Le Canadien a gardé l’âme vagabonde des premiers trappeurs. Se trouvant à l’étroit dans leur patrie d’adoption, les hommes se dispersent sur tout le continent, y exerçant mille industries, tandis que les jeunes filles vont s’amasser une dot, par leur travail, dans les grandes cités manufacturières de la Nouvelle-Angleterre.

Au point de vue physique, la race française transplantée sur les rives laurentines n’a pas dégénéré ; elle a plutôt gagné en stature et en force. Avec plus d’hygiène, elle jouirait même d’une très grande force de résistance aux maladies. Les femmes surtout ont gardé le type national, mais avec des traits plus réguliers, plus forts, moins animés que ceux de leurs sœurs du vieux pays ; elles sont gaies, rieuses, aimables, coquettes surtout ; paysannes comme citadines se piquent de suivre la mode. Presque toutes savent l’anglais, mais elles aiment à parler la langue de France, riche encore d’un grand nombre de mots descriptifs qui, ici, sont tombés en désuétude ; leur accent, tenant à la fois du normand, du saintongeois et du poitevin, ajoute à leur conversation une saveur qui n’est pas sans attraits.

Les créoles françaises de la Louisiane ont conservé longtemps un type qui, aujourd’hui même, n’a pas encore complètement disparu. Leur ville, la Nouvelle-Orléans, a gardé dans ses