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FAMILLE OCÉANIENNE

les petits bénéfices que peut leur valoir la générosité de leurs compagnons de passage viennent accroître le pécule de la famille ou la liste civile du chef. Mariées, elles doivent à leur époux une fidélité au moins relative dont celui-ci est parfois le premier à les affranchir, estimant bien sot quiconque dédaigne une occasion de profit.

Ces mœurs, qui ont valu aux Polynésiennes une renommée d’amabilité très appréciée des matelots, étaient générales dans toute cette région du Pacifique. Le mariage même n’y était guère considéré que comme une union temporaire ; sa conclusion ne comportait presque aucune cérémonie ; chez les chefs seuls on l’accompagnait d’un imposant apparat, qui ne rendait pas, d’ailleurs, le lien conjugal plus solide. Dans toutes les îles florissaient à la fois le divorce et la polygamie ; à Nouka-Hiva subsistaient des unions polyandriques. Certaines femmes, de classe riche, étaient bigames : l’un des maris était le principal, le mari-chef ; l’autre était un mari suppléant. Les reines, surtout, avaient ainsi un époux secondaire qui portait fièrement le titre d’« allumeur du feu du roi » ; sa mission, toute de confiance, était de remplacer Sa Majesté, lorsqu’elle s’absentait, auprès de la souveraine, afin que celle-ci n’ait jamais à supporter les affres de la solitude.

Sous l’influence des missionnaires,