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TOUTES LES FEMMES

parallélogramme allongé qui se renfle au milieu pour dresser une sorte de crête dirigée d’avant en arrière. Cette crête est dissimulée dans leur chevelure qu’elles relèvent en un chignon à deux étages, maintenu par des cordons et orné de verroteries.

Elles sont sales au delà de toute expression et s’en remettent à la nature du soin de fabriquer le liquide dans lequel elles se lavent. C’est là leur eau de toilette, et l’on dit d’une femme ainsi parfumée à sa propre essence : « Elle sent la demoiselle ! »

Leurs mœurs sont empreintes d’un délicat abandon. Si les Esquimaux sont polygames, les Esquimales sont polyandres. L’adultère est interdit, car il attente à la propriété du mari, mais les plus jaloux louent volontiers leurs femmes à la journée… ou à l’heure. Les prêter est l’indice d’un caractère aimable. Ignorantes de toute pudeur, elles se laissent troquer, prêter, louer ou vendre, toujours disposées à s’en aller d’elles-mêmes « demander du tabac » aux étrangers, — c’est-à-dire se proposer. Leurs admirateurs sont, comme elles, d’un cynisme… littéral. Sans aucune retenue, en effet, ils n’éprouvent pas le besoin de joindre le charme de la solitude aux délices d’un galant entretien.