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TOUTES LES FEMMES

sont exposées aux injures de l’air. »

Si humble que soit sa situation, elle a cependant le droit de commander à la sœur de son mari comme à sa bru.

Elle est également la supérieure des « petites femmes » que, s’il en a les moyens, son époux a pu lui adjoindre.

Car, en Chine, la loi reconnaît franchement la polygamie. En plus de son épouse légitime, il est licite à un homme de se procurer, par simple achat, un nombre de compagnes proportionné à sa fortune. En droit juridique, la « grande femme » seule peut avoir des enfants ; ceux des autres sont réputés être les siens ; elle seule porte le titre de mère et a droit à leur obéissance et à leur affection ; c’est d’elle seule qu’ils prendront le deuil.

Le nombre des « petites femmes », non déterminé par la loi, l’est en quelque sorte par les mœurs. Un homme perd de sa considération s’il en possède un trop grand nombre et les gens sérieux n’en achètent jamais que du consentement de leur compagne légale.

Nombre de jeunes filles sont ainsi élevées spécialement pour être vendues aux riches amateurs. On leur apprend le chant, la musique, la peinture, l’art de dire des vers, d’en composer à l’occasion : celles dont l’éducation est parfaite peuvent être vendues de douze à quinze mille francs. Aussi la « traite des jaunes » se pratique-t-