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Termier, de l’Académie des Sciences[1], et le zoologiste Louis Germain, du Muséum[2], qui viennent de reprendre cette question, sont plus explicites que l’ont été leurs prédécesseurs. Tous, bien que différant sur quelques points dans la manière d’envisager le problème, sont d’accord pour affirmer que la fameuse Terre a existé, et tous appuient leur affirmation sur des raisons d’ordre géologique et paléontologique que le manque de renseignements scientifiques ne permettaient pas de produire antérieurement.

M. Germain énumère à cet égard des faits très nombreux d’où il résulte que les îles de l’Atlantique forment deux groupes ayant une origine différente : celui du Golfe de Guinée (Fernando Po, île du Prince, San Thomas, Ascension et Sainte-Hélène), dont la faune est africaine équatoriale, et celui des quatre archipels des Canaries, des Açores, de Madère et du Cap Vert, dont la faune homogène n’a de rapports ni avec celle du premier groupe, ni avec celle de l’Afrique tropicale, mais en a beaucoup avec les faunes de la région circaméditerranéenne, comprenant le sud de l’Europe et le nord de l’Afrique, ainsi qu’avec celle des Antilles, et d’une partie du continent américain.

S’appuyant sur des considérations de ce genre et notamment sur le fait, soupçonné déjà depuis longtemps, mais que le géologue Louis Gentil a mis en relief après deux explorations au Maroc, à savoir que la chaîne du haut Atlas se prolonge jusqu’à l’Océan et plonge ensuite sous l’Atlantique pour se relever aux Canaries, M. Germain montre qu’il est également établi que l’Atlantique est traversée par un long plateau dirigé sensiblement du Nord au Sud, dont les hauts sommets approchent de la surface, et de chaque côté duquel s’ouvre une vallée profonde, d’où émanent, dans celle qui longe les côtes de l’Europe et de l’Afrique, les quatre archipels dits de l’Atlantique ; cela posé, M. Germain formule les conclusions suivantes :

Le groupe des îles du golfe de Guinée formait, aux époques antérieures au Crétacé, un continent qui unissait l’Amérique du Sud à l’Afrique équatoriale : c’était le continent Africain-Brésilien.

Le groupe des îles de l’Atlantique formait aussi autrefois une masse continentale qui se reliait, d’un côté à la Mauritanie et au Portugal, et de l’autre à un point indéterminé de l’Amérique, probablement au Venezuela : c’était l’Atlantide.

Le continent Africano-Brésilien s’est effondré antérieurement à l’autre. Le continent Atlantique paraît s’être disloqué en plusieurs temps. Un premier morcellement aurait eu lieu d’abord du côté des Antilles et aurait laissé à découvert les îles de ce nom, ainsi que la Floride. Une autre catastrophe aurait laissé subsister une vaste plateforme, reliée à la Mauritanie, qui, à une époque très récente, ainsi que l’indique le fait que dans les dépôts quaternaires de l’Afrique occidentale, on trouve de nombreux spécimens d’une espèce qui ne vit actuellement qu’aux Canaries, se serait également morcelée, pour donner naissance

  1. Termier (Pierre). Le problème de l’Atlantide. Revue scientifique, 11 janvier 1913.
  2. Germain (Louis). Le problème de l’Atlantide. Annales de Géographie, 15 mai 1912.