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gagné ses grandes batailles en tournant la position de l’ennemi et en l’attaquant par ses bagages. Alors, il eût dirigé la droite par Saint-Amand et il eût prolongé la gauche de Namur à Bruxelles, entre les Quatre-Bras et Sombref. Les Prussiens eussent été obligés de faire volte-face, ce qui n’est pas commode et occasionne la défaite d’une armée, lorsqu’elle est forcée de faire cette manœuvre sous le feu de l’ennemi. L’armée prussienne battue éprouvait de très grandes pertes dans les défilés de Ligny, ses débris eussent été obligés d’aller passer la Meuse et elle se serait trouvée sans communication avec l’armée anglaise. Pendant toute la bataille, Napoléon se trouvait en communication avec le Maréchal Ney et pouvait, suivant les circonstances, appeler à lui partie de ses troupes ou tout le corps. L’armée prussienne en retraite sur la Meuse, l’Empereur, le 17, la faisait suivre par un petit corps d’observation, tombait ce même jour avec toutes ses forces sur l’armée anglaise et réunissait toutes les probabilités d’une victoire décisive. Mais c’est le Napoléon de la Moskowa qui, pour se servir d’une expression vulgaire, a pris le taureau par les cornes ; aussi la bataille a-t-elle été sanglante et disputée et les Prussiens ont eu toute facilité de se retirer sur l’armée anglaise, en faisant un léger détour.
La multiplicité des ordres contradictoires avant et pendant la journée de Waterloo est une nouvelle preuve qu’on ne doit jamais avoir de détachements à une trop grande distance des lieux où se passe l’événement principal de la bataille. L’Empereur reconnaît que les Prussiens veulent se réunir aux Anglais ; il donne en conséquence au Maréchal Ney des instructions tardives ; en supposant même