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La mesure que prit l’Empereur de faire deux commandements à part, pour agir dans des directions diverses, ne pouvait être que funeste ; elle n’était praticable qu’après une victoire décisive. Il faut éviter des détachements aussi nombreux la veille d’une bataille, il faut la donner avec tous ses moyens.
La direction que l’Empereur donna au Maréchal Grouchy sur Sombref peut être regardée comme la principale cause des désastres de cette campagne. Un général en chef ne peut donner des directions que lorsqu’il connaît la position de l’ennemi. Quelques heures après l’ordre expédié, l’Empereur reconnut l’armée ennemie derrière le ruisseau qui passe à Ligny, la gauche dans la direction de Ligny, la droite dans celle de Saint-Amand. Son principal but devait être de séparer l’armée prussienne de l’armée anglaise ; d’être à tout événement en communication avec les forces que commandait le maréchal Ney, afin de s’en appuyer au besoin. Alors il ne devait pas laisser l’armée prussienne entre lui et ce maréchal. Dans la supposition où il aurait battu cette armée, il l’obligeait à se retirer dans la direction de l’armée anglaise et par conséquent sur ses renforts. Dans la supposition contraire, il courait le grand danger d’être sans communication avec le maréchal Ney et ce dernier eût été d’autant plus exposé qu’il eût été plus près de Bruxelles, en exécutant les ordres qu’il avait reçus.
L’Empereur était à la tête de son avant-garde, lorsqu’il découvrit l’armée prussienne sur les hauteurs de Ligny ; toutes ses troupes étaient sur ses derrières et il pouvait leur donner la direction qu’il voulait. Le Général Bonaparte d’Italie, le Napoléon de l’Allemagne et de la Prusse avait