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fusil, une capote et une tournure militaire quelconque, il devait entrer dans le rang.
Les généraux de l’armée du Nord devaient assurer et maintenir leurs communications entre eux, occuper toutes les positions susceptibles de défense ; disputer les lignes de l’Escaut et de la Sambre, celle de la Somme qui avait été organisée par le général Gazan, celles de l’Aisne et de l’Oise et finalement celles de la Seine et de la Marne. Les précautions à prendre leur avaient été minutieusement indiquées, les points qui devaient attirer leur attention signalés, et, quoiqu’on fût loin de s’attendre à de si terribles revers, rien cependant n’avait été laissé à l’imprévu.
Des ordres semblables avaient été donnés pour la frontière de l’Est. Il avait été prescrit de défendre pied à pied les passages des Vosges et ces gorges de l’Argonne, où l’armée prussienne fut arrêtée en 1792. Le général Lecourbe, qui commandait à Belfort le corps chargé de couvrir ces côtés de la France, retrouva après quinze ans d’inaction toute l’ardeur, toute l’énergie des plus beaux jours de sa vie militaire. Il est impossible de servir mieux qu’il ne le fit, avec des soldats improvisés, abandonné à ses seules forces en présence d’un ennemi très supérieur. Si tout le monde avait eu son sang-froid et son dévouement, les affaires n’eussent pas été aussi désespérées. Dans le cas où il serait forcé à la retraite, les points où il devait s’efforcer de tenir, comme Langres, Vitry, Sainte-Ménéhould, etc., étaient spécifiés jusqu’à l’Aube, la Seine et finalement l’Yonne, où devait être son ralliement. Le général Rapp avait reçu de pareilles instructions pour l’armée du Rhin ; s’il lui était impossible de défendre l’Alsace, il devait se