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La promotion fut au reste beaucoup plus nombreuse que l’Empereur ne l’avait annoncé d’abord ; elle fut de cent dix pairs. Si quelques-uns, en très petit nombre, ne devaient cette dignité qu’à la faveur et aux circonstances du moment, la liste en général n’en prouvait pas moins combien la France est fertile en illustrations, et, si cette assemblée eût duré, elle eût glorieusement rempli les hautes fonctions auxquelles elle était appelée.
La solennité du Champ de Mars devait resserrer le pacte entre l’Empereur et la France ; longtemps différée par des causes indépendantes de la volonté du Gouvernement, elle donna lieu à un de ces jeux de mots qui ont tant de succès dans notre pays et manqua complètement son effet. Ce fut une scène d’apparat, où l’on prononça de magnifiques discours, mais d’où était absent cet enthousiasme, qui seul enfante les grandes choses. Elle fut immédiatement suivie de la convocation des Chambres, que l’Empereur tenait à ouvrir avant son départ pour l’armée.
Croyant que tout le monde appréciait comme lui le caractère de la guerre injuste et impolitique qui lui était faite ; que l’on sentait que l’indépendance nationale elle-même était en jeu et que, subir la loi de l’étranger pour une question toute intérieure, c’était abdiquer l’honneur de la Patrie, il comptait trouver un supplément de force dans le concours dévoué des Chambres. Il se flattait qu’elles n’auraient, comme lui, qu’une pensée, celle de repousser d’abord l’ennemi et d’ajourner jusqu’après la victoire des discussions pour le moins inopportunes, si elle n’étaient pas dangereuses. Il avait d’ailleurs besoin de lois pour la levée de la conscription, pour la répression des troubles,