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et net, c’est qu’à Redon une poignée d’hommes résolus arrêta tout court un rassemblement nombreux et le repoussa avec une forte perte ; c’est que le préfet de la Mayenne, ramassant à la hâte ce qu’il avait d’hommes de cœur sous la main, tomba par une marche de nuit audacieuse sur les insurgés postés dans les bois et les dispersa si bien qu’ils ne purent plus se réunir et que son département ne remua plus. Enfin, ce fut en conformité des vues du Maréchal que les opérations du général Travot amenèrent cette seconde affaire, où fut tué le marquis de La Rochejacquelin, commandant en chef des Vendéens ; peut-être ce brillant succès n’eût-il pas été acheté par les pertes qu’il coûta, si, en agissant plus tôt, on n’eût pas ainsi laissé grossir les forces de l’insurrection.
L’Acte Additionnel, en instituant la Chambre des Pairs, en avait conféré la nomination à l’Empereur. Le 19 mai, il écrivit individuellement à chacun de ses ministres, ainsi qu’à quelques personnes en qui il avait confiance, une lettre toute confidentielle pour leur dire que, voulant commencer par créer 80 Pairs, il désirait qu’ils dressassent une liste de 120 personnes choisies par eux comme s’ils étaient chargés de la nomination. Ce travail devait rester secret avec l’Empereur et on ne devait pas même faire connaître qu’on en avait été chargé. En répondant à l’Empereur, le Maréchal s’excusa sur ce que toujours absent de France pour son service, il lui était difficile de bien connaître les personnages ayant qualité pour être élevés à la patrie : c’était donc avec une extrême défiance de lui-même et par pure obéissance qu’il lui soumettait la liste demandée. Il l’avait composée en prenant