Page:Vigier - Davout, maréchal d'empire, Tome 2, 1898.djvu/285

Cette page n’a pas encore été corrigée

contraire à l’ordre du service dicté le 16 mai par l’Empereur qui réglait les attributions du Major Général et lui avait été communiqué. Le maréchal rappela énergiquement le duc de Dalmatie à l’observation des règles et, après avoir précisé les dangers immédiats de la marche suivie par lui, il termina en disant : « Si vous donnez des ordres de votre côté, Monsieur le duc, et moi du mien, comme il ne peut en résulter que les plus graves inconvénients, je vous déclare que je remettrai le portefeuille à l’Empereur. J’ai accepté le ministère à mon corps défendant et on me ferait le plus grand plaisir en m’ôtant ce fardeau. »
Une cause assez fréquente de froissements entre l’Empereur et le Maréchal, c’était la résistance qu’il opposait à des nominations arrachées par l’importunité et la faveur et dans lesquelles le bien du service était trop souvent sacrifié aux plus frivoles considérations, à des relations de société, à des intérêts de camaraderie. Une fois même, cette résistance prit un caractère fort sérieux, parce que la chose sortait de la sphère ordinaire et avait, aux yeux du Maréchal, une véritable importance. Il avait reçu itérativement l’invitation de donner au comte de Bourmont un emploi à l’armée du Nord ; comme ce n’était pas un ordre formel, il avait opposé la force d’inertie et n’en avait rien fait. Un jour qu’il apportait le travail à la signature, l’Empereur lui demanda : « Et les lettres de service du général Bourmont ? sont-elles expédiées ? » - « Votre Majesté ne m’en a pas donné l’ordre. » - « Je vous l’ai demandé assez positivement pour que ce fût la même chose ; il faudra le faire de suite. » - « Sire, je ne conteste pas le mérite du général Bourmont ; on dit qu’il a très bien servi dans la campagne de France ;