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éventualités d’une guerre imminente, le Maréchal fit-il signer à l’Empereur un décret qui ne fut pas publié et qui mettait en état de siège toutes les places dans le rayon des frontières et du littoral, ainsi que les pays troublés par l’insurrection.
Accablé de travaux presque au-dessus des forces humaines, l’Empereur aurait voulu pouvoir consacrer exclusivement sa pensée à la guerre qu’il allait conduire en personne. Les soins qui le détournaient de cette occupation l’importunaient et l’irritaient. Il était par nature d’une rare bonté, d’une extrême indulgence ; il pardonnait aisément une faute même très grave et n’en gardait aucun ressentiment ; mais, par une disposition assez singulière de son caractère, quand les choses n’allaient pas à son gré, il avait besoin de s’en prendre à quelqu’un et, sinon d’en rejeter sur lui la responsabilité, du moins de le rendre l’objet de sa mauvaise humeur. Toute la vie politique étant alors en quelque sorte concentrée dans les opérations relatives à la guerre, c’était naturellement sur le Maréchal que devait retomber cette mauvaise humeur, qui d’ailleurs ne manquait pas de personnes empressées à l’exciter.
Il y avait alors dans l’entourage de l’Empereur deux petites coteries exclusives, comme il s’en forme toujours après les grandes commotions ; coteries composées de gens qui se parent d’un dévouement exagéré, d’un zèle sans mesure et qui prennent volontiers leur importance pour du mérite et leurs prétentions pour des droits. Le Maréchal ne cachait pas son peu de goût pour cette coterie qui le lui rendait bien et n’omettait rien de ce qu’elle espérait pouvoir le faire sortir de son caractère. On prenait avec lui des