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qu’il n’était plus possible de réformer. On n’en eût que trop la preuve dans l’insurrection sanglante du 25 juin, à la nouvelle du désastre de Waterloo.
Les grandes villes de l’intérieur étaient également travaillées par un esprit hostile à l’Empereur. A Rouen, il y avait un comité royaliste qui correspondait presque ouvertement avec les princes exilés ; au Havre, il y eut un mouvement séditieux qui donna un moment des inquiétudes, non à cause du fait en lui-même qui était sans portée, mais à cause de l’exemple d’insubordination donné presque à la porte de Paris. A Dunkerque, on eut vent d’un complot destiné à livrer la place à l’étranger et, pour le déjouer, il fallut y envoyer un général avec des pouvoirs extraordinaires. (Vandamme).
Les autorités civiles secondaient mal l’autorité militaire : les unes, parce qu’elles étaient mal disposées ; les autres, en plus grand nombre, parce qu’elles ne se rendaient pas un compte bien exact de la vrai situation du pays et qu’elles ne comprenaient pas, qu’investie et bloquée, comme elle l’était par l’étranger, la France devait être considérée comme en état de siège et ne pouvait être sauvée que par l’énergie de la dictature. On s’arrêtait devant des scrupules de légalité fort respectables en temps ordinaire, et, par la manière dont on exécutait certains ordres, on les rendait plus nuisibles qu’utiles parce que c’est surtout l’effet moral qu’on doit chercher dans les mesures exceptionnelles. Quand cet effet n’est pas produit, elles sont sans objet et il vaut cent fois mieux y renoncer. Aussi, pour remédier à ce défaut de concours de l’autorité civile et pour parer aux