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croissant de toutes parts. Les généraux, les préfets des départements de l’Ouest donnaient les renseignements les plus alarmants sur l’état des esprits dans les contrées où ils se trouvaient. Tout indiquait qu’un soulèvement était imminent et qu’on attendait, pour en donner le signal, que le moment où le départ définitif des troupes laisserait le champ libre à l’insurrection.
Quoique le gouvernement ne se méprît pas sur la gravité de cet état de choses, ce n’était néanmoins pour lui que l’objet d’une préoccupation secondaire. Il pensait avec raison, que cette guerre civile toute locale, qui n’avait pas eu d’influence sur la marche générale des événements pendant la Révolution, était bien moins capable d’en avoir à une époque où les paysans étaient moins bien disposés à la faire et où, au contraire, on avait plus de moyens pour la combattre et l’étouffer. Ce n’était pas dans les bocages de la Vendée, c’est sur les champs de bataille de la Flandre que la question se déciderait ; c’eût donc été une faute de négliger le grand intérêt pour le petit et d’affaiblir, en vue des troubles de l’Ouest, une armée qui était à peine assez nombreuse pour la tâche qu’elle aurait à remplir.
Aussi, malgré les réclamations des autorités locales civiles ou militaires, les ordres les plus formels, les plus impératifs furent-ils donnés et réitérés, pour que, sous aucun prétexte, on n’arrêtât la marche des régiments qui se rendaient à l’armée du Nord. Ce qui avait été prévu et annoncé arriva : quand l’insurrection ne fut plus comprimée par la présence des bleus, elle éclata sur plusieurs points à la fois, dirigée par des chefs dont le nom avait acquis de l’autorité dans la première