du service militaire ? La question fut soumise au Conseil d’Etat, qui se prononça pour la négative et émit un avis qui assimila les conscrits de 1815 aux militaires en congé limité. Il suffisait donc d’une simple mesure administrative, d’un ordre de départ, pour les faire rejoindre et les instructions à cet effet furent expédiées dans tous les départements.
La liste des pensionnaires de l’Etat constatait l’existence d’environ 15 000 officiers touchant leur retraite dans leurs foyers. On fit appel à leur vieux dévouement ; on les engagea à former entre eux des fédérations, puisque c’était l’idée en vogue, à s’organiser en compagnies volontaires, pour se tenir à la disposition des généraux, s’enfermer dans les places fortes, ou servir de point de ralliement à la levée en masse. On autorisa la formation de corps francs, destinés à intercepter les communications de l’ennemi, à enlever ses convois, à opérer comme troupes irrégulières, en se subordonnant aux mouvements de l’armée, sans cependant en faire partie. En un mot, le gouvernement n’hésita pas à prouver par toutes ses mesures qu’il considérait la lutte qui allait s’ouvrir, non comme une guerre politique ordinaire, mais comme une guerre toute nationale, où il y allait de l’indépendance du pays et dans laquelle il fallait qu’une résistance désespérée fût opposée à l’injuste coalition de l’Europe entière.
Trop de passions agitaient la France pour que cet appel fût compris ; on ne vit dans cet ensemble de mesures que ce qu’elles avaient de rigoureux. On les attribua à l’ambition insatiable d’un homme, au lieu d’y voir les nécessités du salut de la patrie menacée. Les mécontentements allèrent
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