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pas de recommencer une carrière dont ils avaient fait une si peu encourageante épreuve. Au début, les instructions données aux préfets, pour la rentrée de ces militaires sous les drapeaux, prescrivaient d’éviter les moyens de rigueur qui auraient produit un mauvais effet sur l’opinion. On voulait que les militaires rappelés ne parussent obéir qu’à leur enthousiasme belliqueux, qu’à leur amour pour l’Empereur et pour la patrie. On ne tarda pas à reconnaître qu’ainsi conduite la mesure serait à peu près improductive. Il fallut donc revenir aux procédés ordinaires et employer les moyens coercitifs envers ceux qui ne répondaient pas volontairement à l’appel. Bientôt le concours de le gendarmerie fut insuffisant pour assurer le départ des anciens militaires ; on fut obligé d’ordonner aux généraux commandant les départements d’organiser de petites colonnes mobiles, qui arrivaient à l’improviste dans les communes, arrêtaient les retardataires et les emmenaient avec elles au chef-lieu, d’où ils étaient dirigés sur le dépôt de leurs corps.
Même exécuté avec cette énergie, le décret du 28 mars n’assurait que des ressources insuffisantes à l’armée, et surtout il ne pourvoyait pas à la réserve qu’il était indispensable d’organiser pour alimenter la guerre, si elle devait se prolonger. Force fut donc de revenir au système de la conscription. On comptait, pour l’avenir, la faire sanctionner par un vote des Chambres ; mais il y avait celle de 1815, qui offrait un contingent à peu près intégral et immédiatement disponible. Les conscrits de cette classe avaient été renvoyés en masse dans leurs foyers par une ordonnance royale : cette ordonnance les avait-elle libérés définitivement