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croyant servir sa cause et celle de l’Empereur, le Roi de Naples perdit l’une sans retour et compromit dangereusement l’autre ; mais la mort tragique de ce malheureux prince a été une expiation trop cruelle pour qu’on puisse se montrer sévère pour des fautes qui furent celles de son jugement et non de son cœur.
On était au mois de mai et les difficultés de la situation s’accroissaient à mesure que l’on approchait du dénouement. La guerre n’était pas seulement probable, elle était certaine ; les traités conclus entre les puissances contre la France commençaient à recevoir leur exécution ; leurs forces se massaient sur nos frontières, ou étaient rapidement poussées de toutes parts dans cette direction. Tout ce qu’on pouvait souhaiter, c’est que les hostilités ne s’ouvrissent que quand nous serions en mesure d’y répondre et, malgré les efforts prodigieux qui avaient été faits, nos préparatifs exigeaient encore près d’un mois. Toutes les espérances conçues ne s’étaient pas réalisées et, en particulier, les moyens adoptés pour renforcer l’armée active n’avaient pas produit les résultats qu’on s’était flatté d’obtenir.
L’Empereur avait compté que le rappel des anciens soldats fournirait 190 000 hommes ; son ministre de la guerre en espérait tout au plus quatre-vingt mille ; ce nombre même était loin d’être atteint. Cela tenait à beaucoup de causes diverses ; la principale, la plus efficace était que la majeure partie de ces hommes provenaient des levées faites coup sur coup dans les dernières et calamiteuses armées de l’empire.
Ils étaient partis malgré eux, n’avaient connu de la guerre que ses fatigues, ses dangers et ses revers, et ne se souciaient