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attacha une importance exagérée à cette rivalité des deux grandes puissances et y puisa une confiance qui lui fut funeste.
Depuis le commencement de l’hiver, il se préparait à prendre l’offensive ; retournant contre l’Autriche l’arme dont on s’était servi contre l’Empereur, il appelait à l’indépendance les peuples de l’Italie. Ses émissaires la parcouraient dans tous les sens, excitant contre la tyrannie allemande les passions à jamais vivaces des populations italiennes.
La nouvelle du débarquement de l’Empereur à Cannes, de sa marche triomphale, de son arrivée à Paris, agit comme une commotion électrique. Très probablement Murat avait connu les projets de son beau-frère avant leur exécution ; mais, en cette circonstance, il ne prit conseil que de lui-même. Dans l’entraînement de ses illusions et de son enthousiasme, il tira l’épée, se proclama le restaurateur de la liberté et de la nationalité italiennes, envahit les Etats de l’Eglise et se porta à marches forcées vers le nord de l’Italie.
Rien ne pouvait être plus inopportun que cette prise d’armes, ni plus embarrassant pour la politique de l’Empereur, dans un moment où il protestait, à la face de l’Europe de ses intentions pacifiques et de sa volonté d’observer des traités, qu’il n’avait pas faits, mais auxquels il se résignait comme à des faits accomplis.
Quelque contrarié qu’il fût de la précipitation du Roi de Naples, l’Empereur prescrivit immédiatement les mesures qui pouvaient contribuer au succès de son entreprise. Il envoya auprès de lui, comme ambassadeur, un des généraux les plus distingués de l’armée française, le comte Belliard, qui, ayant été longtemps chef d’état-major de Murat