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L’Empereur se plaignait vivement d’un état de choses si contraire à son service et suivant son expression, si honteux pour la France. Le maréchal, sur qui en pesait la responsabilité, en témoignait tout son mécontentement. Il ne se bornait pas à être sévère, il menaçait ; il voyait une sorte de trahison dans les manquements à un service si important, il parlait de faire un exemple terrible. Toute son énergie se brisa contre l’inconcevable force d’inertie qu’il trouva autour de lui ; ses réclamations les plus pressantes ne produisaient que des rapports, des projets, d’inutiles paperasses qui ne remédiaient à rien. Comme l’essentiel était d’assurer les approvisionnements de l’armée, le Maréchal se décida à aller droit au fait : il autorisa les préfets à conclure des marchés d’urgence, au compte du munitionnaire, n’importe quel prix ; quand les marchés n’étaient pas possibles, ils durent être remplacés par des réquisitions, également remboursables par le munitionnaire. Ces mesures rigoureuses le firent enfin sortir de son apathie, parce qu’elles l’atteignaient dans ses intérêts ; le service commença à se faire avec quelque régularité, mais non de manière à réaliser les idées prévoyantes en vue desquelles il avait été combiné. Ces grandes entreprises semblent être une simplification dans le travail et un principe d’économie dans la défense ; elles sont un embarras et peuvent devenir un danger, quand elles ne se présentent pas avec la double garantie d’une grande solidité financière et d’un vrai dévouement à la chose publique.
Par ce qui précède, on a pu juger de la masse et de l’importance des travaux imposés au ministère de la guerre. Ils dépassèrent non le zèle, mais les forces du baron César