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stipulée ; c’eût été une dépense sans objet, quand on en avait tant à faire et si peu d’argent ! On jugea plus utile de conserver le marché, en en élargissant les bases, dans la proportion de l’accroissement de l’armée. Au moyen d’une avance de quatre millions de francs et par des combinaisons qui répartissaient les payements par portions égales sur toute la durée de l’exercice et conciliaient les intérêts de l’entreprise avec la situation des finances, on prit des arrangements avec le munitionnaire pour qu’il anticipât son service de neuf mois, de manière à avoir versé, dès le 1er juillet 1815, dans les places fortes qui lui seraient indiquées, tout ce qu’il avait à fournir jusqu’au 1er avril suivant. Cette mesure était adoptée en vue d’une double éventualité. Si, comme on l’espérait, on était victorieux, l’armée active toute entière aurait franchi les frontières et vivrait au dépens de l’ennemi ; les ressources accumulées serviraient à nourrir la puissante réserve qu’on organiserait à l’intérieur. Dans le cas contraire, toutes nos places fortes se trouveraient avoir reçu un approvisionnement de prévoyance de 6 mois et pourraient être sans inconvénient abandonnées à elles-mêmes, la subsistance de leurs défenseurs étant assurée.
Sous le nom d’un homme qui, par son caractère personnel et par le grade élevé que son frère occupait dans l’armée, inspirait une juste confiance, le munitionnaire général était en réalité le fameux fournisseur Ouvrard, dont toutes les opérations avec l’Etat ont donné lieu à d’interminables procès. Si le temps l’eut permis, il en eût été de même de celle de 1815, car des plaintes ne tardèrent pas à s’élever de tous côtés. Le munitionnaire semblait se faire un jeu des obligations qu’il avait contractées ; le service n’était bien