Page:Vigier - Davout, maréchal d'empire, Tome 2, 1898.djvu/244

Cette page n’a pas encore été corrigée

autre moins important dans les circonstances graves où l’on était. Les dossiers de tous les officiers devant être soumis à son examen, on y trouvait le moyen de faire sans éclat, sans perturbation, une enquête officieuse sur le personnel militaire tout entier et d’en écarter, soit provisoirement, soit définitivement, les éléments sur lesquels on ne pouvait pas compter. Au reste, cela se fit dans un sens large et libéral. Conformément aux volontés bien exprimées de l’Empereur, les proclamations, les manifestations de circonstance furent considérées comme non avenues, on passa l’éponge sur tous ces souvenirs. On n’attacha d’importance qu’à ce qui, dénotant l’existence de coupables intelligences dans le passé, pouvait en faire craindre le retour dans l’avenir : c’est-à-dire qu’il ne présenta que quelques cas rares et exceptionnels. L’Empereur au surplus avait déjà pourvu au plus pressé par son décret de Lyon, du 13 mars, qui éloignait de l’armée tous les généraux improvisés, ne comptant d’autres services que ceux de l’émigration ou de la guerre civile.
L’examen auquel on se livra amena d’étranges révélations. Le gouvernement royal avait prodigué les grades avec la plus aveugle profusion. L’appât de cette curée avait fait surgir toutes les ambitions de bas étage : les demandes avaient afflué ; on avait fait valoir des services de toute date, de toute nature. Quelques-uns s’étaient vantés du mal qu’ils n’avaient pas fait ; il en était même qui n’avaient pas rougi de réclamer le salaire de crimes imaginaires. Ainsi, pour ne citer qu’un seul exemple, on avait donné le grade de chef d’escadron à un misérable intriguant qui prétendait avoir formé le projet d’assassiner l’Empereur à