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confiance du gouvernement et celle des soldats. Or, de récents souvenirs pouvaient altérer l’une et l’autre. De plus, il avait été fait de nombreuses promotions depuis le 1er avril 1814. Les annuler en bloc et sans examen n’eût été ni équitable, ni politique ; car, si plusieurs avancements avaient été donnés à l’intrigue, à la faveur, à l’opinion politique, plusieurs aussi étaient des récompenses loyalement gagnées et justement accordées ; plusieurs n’étaient même que la régularisation officielle de nominations faites d’urgence, devant l’ennemi, pendant la dernière campagne.
Il y avait donc à faire un triage, une épuration : le Maréchal n’en déclinait pas la responsabilité morale ; mais, comme il était matériellement impossible qu’il exécutât ce travail par lui-même, il eût fallu en charger les bureaux. Quelque confiance qu’il eût en eux, il ne pensait pas qu’on pût en faire les arbitres de l’état des officiers. Il jugea qu’une commission d’officiers généraux bien choisis offrirait à la fois plus de garanties et aurait plus d’autorité morale. Il en proposa donc la formation à l’Empereur, qui l’approuva, et posa les règles qui devaient guider la commission dans l’appréciation de la collation des grades, de celui de chef de bataillon à celui de lieutenant général inclusivement. Ce document a été publié au Moniteur, et l’armée ne pourrait que gagner si, dans les nominations à faire, on se conformait toujours aux principes de sévère équité et de saine administration qui y sont consignés.
Outre son objet ostensible, cette commission en avait un