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déjà accablé de travaux, que pour laisser à l’institution son caractère civil, le ministère de l’Intérieur demeura chargé de l’organisation des gardes nationales. Ce fut peut-être un malheur, parce qu’on ne déploya pas toute l’activité nécessaire en présence d’une guerre aussi imminente. Il y avait eu, par la force des choses, un remaniement général des préfets ; ces fonctionnaires, nouveaux dans leur poste, avaient besoin de prendre connaissance des nombreuses affaires dont ils étaient chargés ; plusieurs ne s’empressèrent pas de s’y rendre. On ne comprenait pas assez que les moments étaient comptés, qu’un jour perdu pouvait être un mal irréparable.
D’un autre côté, les départements, déjà obérés, ne firent qu’avec répugnance et une extrême lenteur les frais d’équipement des gardes nationales. Il eût été indispensable d’y pourvoir par des réquisitions qui, faites avec ordre et régularité, auraient tout à la fois assuré le service et le payement ultérieur à juste prix des objets requis.
Les préfets n’osèrent prendre sur eux de procéder ainsi ; on sacrifia le fond à la forme, on oublia que le premier des devoirs, comme des intérêts, était la défense de la patrie et de son indépendance menacée. Quand, à la fin de mai, l’imminence des hostilités eut fait proclamer l’état de siège dans tous les pays rapprochés de la frontière ou troublés par la guerre civile, on vit, à l’activité et à la vigueur déployés par l’autorité militaire, ce qu’on aurait pu attendre d’elle si, dès le principe, elle avait été chargée d’une opération qui se rattachait si intimement à la défense générale du pays.
Pour donner plus de nerf à la garde nationale, suppléer