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l’armement en masse de toute la nation, puisqu’il prescrivait la formation de 3130 bataillons, qui, à 720 hommes chaque, donnaient 2 255 000 gardes nationaux, c’est-à-dire le treizième de la population totale de la France.
Il est inutile de dire que de pareils chiffres n’étaient faits que pour rester sur le papier ; mais le plan du gouvernement était de former en compagnies de grenadiers et de chasseurs l’élite de cette population, la portion la plus jeune et la plus valide, et de la mobiliser pour la défense des places et celle de certains passages et postes fortifiés. On calculait qu’il serait aisé de créer ainsi 400 bataillons de gardes nationales, présentant une force à peu près égale à celle de l’armée active. Il serait peu prudent d’opposer en rase campagne la garde nationale à des troupes exercées ; au commencement des guerres de la Révolution, à Neerwinden, par exemple, nous en avons fait l’épreuve. Mais, derrière les épaulements des fortifications, n’étant exposée ni aux charges de cavalerie, ni à ces mouvements rapides et imprévus qui la troublent et l’effrayent, ayant toujours l’ennemi en face, la garde nationale ne tarde pas à s’aguerrir, à se familiariser avec les émotions du combat et à tenir aussi solidement que les vieilles troupes. Si l’institution était bien comprise et sérieusement organisée, en vue d’un but utile et pratique et non d’une vaine parade, elle serait la réserve naturelle de l’armée active, qui pourrait être moins nombreuse, au grand soulagement du trésor, et, quand la circonstance l’exigerait, elle serait en mesure de rendre au pays les immenses services que la Prusse et l’Autriche ont obtenus d’institutions analogues.
Moins encore pour soulager le ministère de la guerre,