qui occupaient une moitié de la France. Elles excitaient les militaires à rentrer dans leurs foyers. C’était un mouvement général qu’on ne cherchait pas et qu’on eût vainement cherché à contenir. On peut, sans exagération, évaluer à 190 000 le nombre des militaires, qui, par l’effet de cette première désorganisation, se hâtèrent de quitter l’armée.
Dans l’état d’ignorance absolue où l’on était de la force des garnisons, de celle des armées agissantes, du nombre des prisonniers de guerre, des pertes journalières résultant de la désertion, à peine une organisation provisoire était-elle possible. Cependant on arrêta une organisation définitive un mois après les événements du 1er avril 1814 ; cette organisation fut fixée par des ordonnances du 12 mai.
C’est dans la situation des finances qu’il faut chercher le secret de cette organisation. L’armée ne fut considérée que comme un objet de dépense. On ne crut point le trésor assez soulagé par la désertion de près de 200 000 soldats et on arrêta l’organisation étroite du 12 mai, autour de laquelle vinrent se presser avec trop d’abondance encore les restes d’une nombreuse armée. Les régiments d’infanterie furent réduits de 4000 à 1400 hommes ; ceux de cavalerie, de 1200 à 600 ; on supprima, en outre, un tiers des régiments existants.
L’esprit militaire se refusait encore à ces suppressions et le nombre des soldats fidèles à leurs drapeaux ne pouvait trouver place dans cette nouvelle organisation. On avait d’abord renvoyé les conscrits de 1815, comme ayant été appelés par anticipation ; les corps en avaient reçu 46 000 qui furent congédiés.
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