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donc généralement hostiles à l’Empereur. La Normandie, la Bretagne, la contrée qui avait été le théâtre des guerres de la Vendée, enfin, les départements compris dans une ligne tirée de celui de la Gironde à celui des Bouches du Rhône, présentaient des dispositions analogues. Une minorité ardente, dévouée plutôt à la Révolution qu’à l’Empereur, offrait un concours assuré parce qu’elle identifiait les deux causes ; mais par suite de différentes influences, surtout par des intérêts de diverse nature, la majorité y était plutôt contraire que favorable au changement qui venait de s’opérer. A Paris même, ce n’était pas seulement le faubourg Saint-Germain, l’ancienne noblesse qui combattait le gouvernement ; le monde de la finance de la Chaussée d’Antin n’était pas moins prononcé contre lui, ainsi que la haute bourgeoisie.
Il y avait sans doute à tenir compte de ces oppositions ; mais il ne fallait pas s’en exagérer l’importance. Elles n’étaient à craindre qu’en cas de revers ; le succès les ferait tomber d’elles-mêmes. C’est au dehors que devaient s’aplanir les difficultés du dedans : c’est sur les champs de bataille que se trancherait le nœud gordien ; il fallait bien se pénétrer de cette vérité et agir en conséquence.
Toutefois, dans cette disposition des esprits, c’était à l’énergie du gouvernement à créer des ressources proportionnées à ce qu’exigeaient les circonstances et, avec la perspective assurée de la guerre, il fallait songer avant tout aux moyens de la soutenir.
L’armée avait été désorganisée ; son recrutement était suspendu. Bien que la conscription en soit le mode le plus équitable et le plus rationnel et que le Roi et les chambres ayant