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correspondance même du Prince de Talleyrand avec le gouvernement du Roi, l’acte du Congrès de Vienne en date du 13 mars, qui mettait sa personne au ban de l’Europe, provoquait en quelque sorte à son assassinat et posait les bases d’une nouvelle coalition pour le renverser, si son entreprise réussissait, ce que le Congrès ignorait encore, mais paraissait prévoir le jour où il délibérait.
Dans les correspondances interceptées du duc et de la duchesse d’Angoulême, dans celles des principaux agents royalistes dans le midi, et notamment M. de Vitrolles, on avait acquis la preuve que le concours armé des souverains étrangers avait été réclamé et qu’il avait été ou formellement promis, ou tout au moins annoncé d’une manière à peu près certaine.
Ainsi il était évident qu’on allait avoir la guerre avec toute l’Europe et que les hostilités commenceraient sitôt que l’ennemi serait prêt et en ligne, c’est-à-dire dans un délai qui ne pouvait excéder trois mois.
C’eût été une erreur volontaire que de se flatter d’obtenir du pays les efforts gigantesques qu’il avait faits spontanément dans les deux dernières années de la guerre.
Alors il n’y avait qu’un sentiment, qu’un élan unanime pour la cause nationale ; les choses étaient bien changées par les événements de 1814. Si, dans les départements de l’est, auxquels l’ennemi avait si cruellement fait expier leur héroïque résistance et dont les ruines étaient encore toutes fumantes, le sentiment patriotique était surexcité par les souvenirs de l’invasion, il n’en était pas de même dans les départements du littoral. Ruiné par douze ans de guerre maritime, leur commerce avait vu, depuis la paix, un retour de prospérité qu’ils étaient menacés de perdre ; ils étaient