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dans toutes les places de son gouvernement et qu’on pouvait être sans inquiétude sur leur conservation.
Si l’Empereur l’eût voulu, rien ne lui était plus facile que d’intercepter la fuite du Roi et de s’emparer de sa personne et de celles des princes de sa famille. Le fond comme la forme de l’ordonnance royale du 6 mars, qui enjoignait de lui « courir sus » comme étant un malfaiteur hors la loi, autorisait des représailles, non en vue d’exercer des sévices réprouvés par l’opinion, mais pour faire contraster la générosité de sa conduite avec les procédés employés à son égard. L’Empereur n’en eut pas un instant la pensée. Quelque courte qu’eût été la captivité de la famille royale, elle eût été un embarras pour lui. Il était bien plus avantageux à ses intérêts de la laisser sortir en toute hâte de la France, sans qu’il y eût eu un seul coup de fusil tiré ; il regardait cela comme une abdication plus légitime que celle qu’il avait été obligé de donner à Fontainebleau, au milieu des baïonnettes étrangères.
Cette politique détermina la conduite à suivre pour les autres membres de la famille royale qui, sur différents points, tentaient des efforts impuissants pour une cause perdue. Le duc de Bourbon avait été envoyé dans l’ouest, avec mission de ranimer la vieille insurrection vendéenne ; la duchesse d’Angoulême était à Bordeaux, y déployant un courage viril ; le Prince, son mari, s’était porté dans le midi, pour en soulever les populations sur les derrières de l’Empereur et regagner le terrain qu’il avait conquis.
Une armée, dite de la Loire, devait relier entre elles ces trois opérations auxquelles le cours de ce fleuve aurait servi de base générale. Le maréchal Gouvion Saint-Cyr avait reçu