Page:Vigier - Davout, maréchal d'empire, Tome 2, 1898.djvu/226

Cette page n’a pas encore été corrigée

l’avance, cet appel fut entendu. Le Roi fut entouré des mêmes égards qu’aux Tuileries, mais il lui fut aisé de comprendre qu’il n’était plus le maître à Lille, où sa maison militaire ne fut pas admise par prudence. Il ne put se méprendre sur les véritables dispositions des troupes de la garnison, que le sentiment des convenances empêchait d’éclater en sa présence et qui n’attendaient pour cela que son départ. L’ensemble des vigoureuses mesures prises pour accélérer ce départ détermina le Roi à sortir de France, ce qu’il fit, le 23, à quatre heures du soir, en quittant Lille pour se rendre à Menin.
Il laissa derrière lui le Duc d’Orléans, investi de tous ses pouvoirs : quand ce prince fut certain que le Roi avait franchi la frontière, il partit lui-même pour Tournay, le 24, à deux heures de matin. En s’éloignant, il s’adressa aux généraux du corps de réserve qu’il commandait une lettre conçue en ces termes :

Lille, 23 mars 1815

Je vous préviens, mon cher Général, que les malheureuses circonstances où nous nous trouvons, ayant déterminé le Roi à sortir de France cet après-dîner à quatre heures, je vous dégage de l’observation des ordres que je vous ai transmis en son nom, et je m’en rapporte à votre jugement et à votre patriotisme pour faire ce que vous croirez plus convenable aux intérêts de la France et à vos devoirs.
Une dépêche télégraphique, expédiée à 6 heures du matin, transmit cette nouvelle à Paris et fut suivie d’une lettre du duc de Trévise, qui, en confirmant tous les détails du départ du Roi, annonçait que les mesures étaient prises