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lles il avait été en butte. « Savez-vous, ajouta-t-il avec cette malice qui lui était familière, quand il était sous une impression gaie, savez-vous que ma lettre vous a bien servi ? – Sire, répondit le Maréchal, je ne l’ai donnée que par extrait, parce que Votre Majesté était absente, si je faisais aujourd’hui une seconde édition de mon Mémoire, je la publierais tout entière. » - L’Empereur sourit et, quelques instants après, prenant le Maréchal sous le bras, il l’attira dans l’embrasure d’une fenêtre et lui dit à voix basse : « Laissez partir tout ce monde ; restez, j’ai à vous parler. » A onze heures, ils étaient seuls et la conversation suivante s’établit entre l’Empereur et le Maréchal :
« Nous allons avoir beaucoup à faire et j’ai plus que jamais besoin d’être puissamment secondé. Voici comment j’ai composé mon ministère : l’Archichancelier se chargera provisoirement de celui de la Justice, il connaît à fond tout le personnel de la magistrature et a une grande influence sur elle, personne ne saurait aussi bien aplanir les difficultés à prévoir dans les premiers moments. Le duc de Vicence avait parfaitement réussi auprès des cabinets étrangers, il aura les Relations Extérieures. Je donnerai le Ministère de l’Intérieur au général Carnot, qui a bien servi à Anvers et dont le nom sera bien accueilli par un certain parti ; je le ferai comte de l’Empire, pour ôter à cette nomination une signification républicaine. Pour la Police, j’hésite entre le duc d’Otrante et le duc de Rovigo, qu’en pensez-vous ? – Sire, le duc d’Otrante a une immense réputation, et l’on dit bien du mal du duc de Rovigo. – Ce n’est pas un inconvénient pour un ministre de la Police ; au reste, je donnerai la gendarmerie à Savary, de sorte