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était neuf heures du soir ; nous mourions de faim ; mais comme il ne se trouvait rien à manger dans la maison, ma fille, sa gouvernante et moi, nous fûmes obligées de nous coucher sans souper.

Le lendemain de très bonne heure, je fis prévenir de mon arrivée le célèbre Porporati[1], que j’avais beaucoup vu pendant son séjour à Paris. Il était alors professeur à Turin, et il vint aussitôt me faire une visite. Me trouvant si mal dans mon auberge, il me pria avec instance de venir loger chez lui, ce que je n’osai d’abord accepter ; mais il insista sur cette offre avec une vivacité si franche, que je n’hésitai plus, et faisant porter mes paquets, je le suivis aussitôt avec mon enfant. Je fus reçue par sa fille, âgée de dix-huit ans, qui logeait avec lui, et qui se joignit à son père pour avoir de moi tous

  1. Celui dont on connaît de si belles gravures, entre autres une faite d’après le tableau de Santerre, qui représente la chaste Suzanne entre les deux vieillards. Le burin éminemment classique de Porporati, comme celui de M. Desnoyers, sera toujours apprécié par les vrais connaisseurs.