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ce Panthéon, cette place Saint-Pierre avec sa colonnade, sa superbe pyramide, ses belles fontaines que le soleil éclaire d’une manière si magnifique, que souvent l’arc-en-ciel se joue sur celle qui est à droite en entrant. Cette place est d’un effet surprenant au coucher du soleil et au clair de lune ; que ce fut ou non mon chemin, je me plaisais alors à la traverser.

Ce qui m’a beaucoup étonnée à Rome, c’est de trouver le dimanche matin au Colysée une quantité de femmes des plus basses classes extraordinairement parées couvertes de bijoux, et portant aux oreilles d’énormes girandoles en diamans faux. C’est aussi dans cette toilette qu’elles se rendent à l’église, suivies d’un domestique, qui, très souvent, n’est autre que leur mari ou leur amant, dont l’état est presque toujours celui de valet de place. Ces femmes ne font rien dans leur ménage ; leur paresse est telle,, qu’elles vivent misérables et deviennent pour la plupart des femmes publiques. On les voit à leurs fenêtres dans les rues de Rome, coiffées avec des fleurs, des