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due ; la salle, toute grande qu’elle était, ne pouvait la contenir. Le style de son chant, je me le rappelle, était absolument le même que celui du fameux Pachiarotti, dont madame Grassini a été l’élève.

Cette admirable cantatrice était conformée d’une manière très particulière elle avait la poitrine élevée et construite tout-à-fait comme un soufflet ; c’est ce qu’elle nous fit voir après le concert, lorsque quelques dames et moi furent passées avec elle dans un cabinet ; et je pensai que cette étrange organisation pouvait expliquer la force et l’agilité de sa voix.

Très peu de temps après mon arrivée, j’allai avec Angelica Kaufmann voir l’opéra de César, dans lequel Crescentini débutait. Son chant et sa voix à cette époque avaient la même perfection il jouait un rôle de femme, et il était affublé d’un grand panier comme on en portait à la cour de Versailles, ce qui nous fit beaucoup rire. Il faut ajouter qu’alors Crescentini avait toute la fraîcheur de la jeunesse et qu’il jouait avec une grande expression. Enfin pour