Page:Vigée-Lebrun - Souvenirs de Mme Louise-Elisabeth Vigée-Lebrun, tome 2.djvu/57

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

girandole qui termine est ce qu’on peut voir de plus magnifique en ce genre, et le reflet de ce beau feu dans le Tibre en double l’effet.

A Rome, où tout est resté grandiose, on n’illumine point avec de misérables lampions. On place devant chaque palais d’énormes candélabres d’où sortent de grands feux dont les flammes s’élèvent et rendent, pour ainsi dire, le jour à toute la ville. Ce luxe de lumière frappe d’autant plus un étranger, que les rues de Rome habituellement ne sont éclairées que par les lampes qui brûlent devant les madones.

La foule des étrangers est attirée à Rome bien plus pour la semaine sainte, que pour le carnaval, qui ne m’a pas semblé fort remarquable. Les masques s’établissent sur des gradins, déguisés en arlequin, en polichinelle, etc., ainsi que nous les voyons à Paris sur les boulevarts, si ce n’est qu’à Rome ils ne bougent point. Je n’ai vu qu’un seul jeune homme qui courait les rues, costumé à la française. Il contrefaisait à s’y méprendre un élégant très maniéré que nous avons tous reconnu.