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des nuages, tenant à la main une coupe, dans laquelle un aigle venait boire. J’ai peint cet aigle d’après nature, et j’ai pensé être dévorée par lui. Il appartenait au cardinal de Bernis. Le maudit animal, qui avait l’habitude d’être toujours en plein air, enchaîné dans la cour, était si furieux de se trouver dans ma chambre, qu’il voulait fondre sur moi, et j’avoue qu’il me fit grand’ peur.

Je fis dans le même temps le portrait d’une Polonaise, la comtesse Potoska. Elle vint chez moi avec son mari, et dès qu’il nous eut quittées, elle me dit d’un grand sang-froid : — C’est mon troisième mari ; mais je crois que je vais reprendre le premier, qui me convient mieux, quoiqu’il soit ivrogne. J’ai peint cette Polonaise d’une manière très pittoresque : elle est appuyée sur un rocher couvert de mousse, et près d’elle s’échappent des cascades.

Je peignis ensuite mademoiselle Roland, alors la maîtresse de lord Welesley, qui a peu tardé à l’épouser. Puis, je fis mon portrait pour ma réception à l’Académie de Rome ; une copie de