Page:Vigée-Lebrun - Souvenirs de Mme Louise-Elisabeth Vigée-Lebrun, tome 2.djvu/40

Cette page a été validée par deux contributeurs.

provisaient d’une manière charmante, il est vrai, car la nation italienne semble avoir été créée pour faire de bonne musique; mais ce concert habituel, qui m’aurait enchantée le jour, me désolait la nuit. Il m’était impossible de reposer avant cinq heures du matin. Je quittai donc la place d’Espagne.

J’allai louer près de là, dans une rue fort tranquille, une petite maison qui me convenait parfaitement, où j’avais une charmante chambre à coucher, toute tendue en vert, avantage dont je me félicitai beaucoup. J’avais visité toute la maison depuis le haut jusqu’en bas ; j’avais même examiné les cours des maisons voisines sans rien apercevoir qui pût m’inquiéter. Je pensai donc ne pouvoir entendre d’autre bruit que le bruit bien léger d’une petite fontaine placée dans la cour, et dans mon enchantement, je m’empresse de payer le premier mois d’avance, dix ou douze louis, je crois. Bien joyeuse, je me couche dans une quiétude parfaite ; à deux heures du matin, voilà que j’entends un bruit infernal précisément der-